L'Atelier des arts, en partenariat avec L'Art en chemin, présente :
Flagrant Déni
Théâtre,
D'après Guy de Maupassant
Adaptation : Alain Payen
Mise en scène : Catherine Benhamou
Samedi 2 juillet 2022 à 20h00
Dimanche 3 juillet à 16h00
La Grange
2, rue Oger-le-Danois
60800 TRUMILLY
Durée : 1h
entrée : 15,00 € , associatif : 12,00 € et parrainage : 15,00 € (et une place gratuite dans la saison)
Réservation indispensable
pour le samedi 2 juillet, c'est Ici
pour le dimanche 3 juillet, c'est Là
ou par téléphone 06 74 49 38 80
Résumé : Au tribunal du « Flagrant déni » tout le monde nie, se renie, se méfie.
Dans la robe du juge Saval, Maupassant s'amuse à faire comparaître à la barre une galerie de personnages tous plus truculents et loufoques les uns que les autres.
Un Maupassant drôle, caustique, mais aussi profondément humain.« Qui suis-je pour me railler de cette femme, moi qui n'ai jamais aimé ? », fait-il dire au jeune juge Saval, ce même juge qui sera fauché par l'amour au crépuscule de sa vie.
Alain Payen
Après une formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (Promo 1984) dans les classes de Jean-Pierre Miquel, Viviane Théophilidès, Daniel Mesguish et Francis Girod, il travaille au théâtre avec Daniel Mesguish, Stéphanie Loïc, Claude Yersin, Stuart Seide, Jean-Louis Martin Barbaz, Michel Cerda, Robert Cantarella, Roland Dubillard, Roger Planchon, Michel Dubois, Tilly, Pascale Siméon, Gilles bouillon, Hervé Van Der Meulen, André Loncin, Philippe Lagrue, Jacques Osinski, Paul Desveaux et dernièrement avec Mitch Hooper.
Il tourne pour le cinéma avec Maurice Pialat, Jean-Pierre Civeyrac, Claude Miller, Robert Enrico, Anne Le Ny, Laurent Achard et pour la télévision avec, en autres, Marion Sarraut, Etienne Périer, Christine François, Francis Girod, Stéphane Kurk, Jean-Louis Bertucelli et Jacques Malaterre.
Il est aussi l'auteur d'un monologue « Les aventures d'Octave » qu'il joue régulièrement depuis 2010.
Catherine Benhamou
Après une formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (Promo 1983) dans les classes de Jean-Pierre Miquel, Pierre Debauche et Claude Régy, elle travaille au théâtre avec, entre autres, Augusto Boal, François Marthouret, Marcel Maréchal, Michel Bouquet, Didier Gorges Gabily, Michel Cerda, Olivier Werner, Gilles Bouillon et Joël Jouanneau.
Depuis quelques années elle est aussi autrice. Deux de ses pièces, « Ana ou la jeune fille intelligente » et « Hors jeu » sont éditées aux éditions des femmes – Antoinette Fouque et une de ses dernières pièces « Romance » aux éditions Koïnè.
Elle obtient l'Aide à la création en 1996 (DMDTS) pour « La douce Léna », d'après Gertrude Stein et en 2017 (Artcena) pour « Au delà ».
Elle est finaliste du Grand Prix de Littérature Dramatique 2017 (Artcena) avec « Ana ou la jeune fille intelligente » Éditions des femmes-Antoinette Fouque (mars 2016) finaliste du prix lycéen l'InédiThéâtre, interprétée par elle-même, dans une mise en scène de Ghislaine Beaudout – 130 représentations
Elle est lauréate du prix PlatO 2019 et lauréate du Grand Prix de Littérature Dramatique Artcena 2020 pour « Romance » (éditions Koïné)
Elle est régulièrement en résidence d'écriture à la Chartreuse - Centre National des écritures du spectacle et anime des ateliers d'écriture, notamment pour Aleph-écriture et au Théâtre de la Colline.
Après une formation au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique de Paris (Promo 1983) dans les classes de Jean-Pierre Miquel, Pierre Debauche et Claude Régy, elle travaille au théâtre avec, entre autres, Augusto Boal, François Marthouret, Marcel Maréchal, Michel Bouquet, Didier Gorges Gabily, Michel Cerda, Olivier Werner, Gilles Bouillon et Joël Jouanneau.
Depuis quelques années elle est aussi autrice. Deux de ses pièces, « Ana ou la jeune fille intelligente » et « Hors jeu » sont éditées aux éditions des femmes – Antoinette Fouque et une de ses dernières pièces « Romance » aux éditions Koïnè.
Elle obtient l'Aide à la création en 1996 (DMDTS) pour « La douce Léna », d'après Gertrude Stein et en 2017 (Artcena) pour « Au delà ».
Elle est finaliste du Grand Prix de Littérature Dramatique 2017 (Artcena) avec « Ana ou la jeune fille intelligente » Éditions des femmes-Antoinette Fouque (mars 2016) finaliste du prix lycéen l'InédiThéâtre, interprétée par elle-même, dans une mise en scène de Ghislaine Beaudout – 130 représentations
Elle est lauréate du prix PlatO 2019 et lauréate du Grand Prix de Littérature Dramatique Artcena 2020 pour « Romance » (éditions Koïné)
Elle est régulièrement en résidence d'écriture à la Chartreuse - Centre National des écritures du spectacle et anime des ateliers d'écriture, notamment pour Aleph-écriture et au Théâtre de la Colline.
NOTE D'INTENTION / ADAPTATION
« Flagrant déni » est un seul en scène d'une heure dix.
Adapter des nouvelles de Maupassant pour un seul en scène est une gageure.
Mon premier travail a été bien sûr de les relire toutes et de sélectionner celles qui me paraissaient les plus théâtrales par la forme.
Je n'avais que l'embarras du choix car Maupassant a écrit beaucoup de nouvelles très dialoguées, voire même des scènes de vaudeville dignes d'un Feydeau.
Le problème était que ces scènes perdaient beaucoup de leur saveur à se jouer seul.
Le déclic s'est produit quand j'ai lu la nouvelle qui a pour titre : Le trou.
C'est un monologue très enlevé où un pêcheur à la ligne, accusé d'homicide, clame son innocence devant un président de cour d'assise.
Par sa théâtralité, la salle de tribunal m'a paru alors le cadre idéal pour bâtir mon spectacle.
J'ai donc relu attentivement toutes les nouvelles de procès et j'en ai retenu trois autres : (Tribunaux rustiques, Le cas de madame Luneau, Une vente).
Du paysan normand qui, pris d'un excès de boisson, veut vendre sa femme au mètre cube au sacristain quincaillier qui réclame son dû pour avoir engrossé une bourgeoise en mal d'enfant, Maupassant campe une galerie de personnages tous plus truculents et loufoques les uns que les autres.
Aussi drôles soient-elles, je ne voulais pour autant réduire mon spectacle à une succession de séances de tribunal.
Le juge étant le dénominateur commun à ces quatre nouvelles, je décidai d'étoffer le personnage en en faisant le protagoniste de deux autres nouvelles qui m'avaient particulièrement plues.
Dans la première (Lettre retrouvée sur un noyé), un jeune homme arrogant raconte sa mésaventure avec la jeune femme qui lui a fait perdre foi en l'amour.
Dans la deuxième (Regret), un vieux garçon de 62 ans, secrètement amoureux depuis toujours de la femme de son meilleur ami, se précipite chez elle pour lui déclarer enfin son amour.
En impliquant ce personnage de juge à différents moments de son existence, personnage cynique et désabusé dans sa jeunesse, seul et désespéré à la fin de sa vie, mon objectif était de donner une profondeur et une gravité à l'ensemble.
Entre ces paysans et artisans qui s'affrontent et ce juge qui se confie, c'est toute l'humanité de Maupassant que j'ai voulu donner à entendre. Alain Payen
« Flagrant déni » est un seul en scène d'une heure dix.
Adapter des nouvelles de Maupassant pour un seul en scène est une gageure.
Mon premier travail a été bien sûr de les relire toutes et de sélectionner celles qui me paraissaient les plus théâtrales par la forme.
Je n'avais que l'embarras du choix car Maupassant a écrit beaucoup de nouvelles très dialoguées, voire même des scènes de vaudeville dignes d'un Feydeau.
Le problème était que ces scènes perdaient beaucoup de leur saveur à se jouer seul.
Le déclic s'est produit quand j'ai lu la nouvelle qui a pour titre : Le trou.
C'est un monologue très enlevé où un pêcheur à la ligne, accusé d'homicide, clame son innocence devant un président de cour d'assise.
Par sa théâtralité, la salle de tribunal m'a paru alors le cadre idéal pour bâtir mon spectacle.
J'ai donc relu attentivement toutes les nouvelles de procès et j'en ai retenu trois autres : (Tribunaux rustiques, Le cas de madame Luneau, Une vente).
Du paysan normand qui, pris d'un excès de boisson, veut vendre sa femme au mètre cube au sacristain quincaillier qui réclame son dû pour avoir engrossé une bourgeoise en mal d'enfant, Maupassant campe une galerie de personnages tous plus truculents et loufoques les uns que les autres.
Aussi drôles soient-elles, je ne voulais pour autant réduire mon spectacle à une succession de séances de tribunal.
Le juge étant le dénominateur commun à ces quatre nouvelles, je décidai d'étoffer le personnage en en faisant le protagoniste de deux autres nouvelles qui m'avaient particulièrement plues.
Dans la première (Lettre retrouvée sur un noyé), un jeune homme arrogant raconte sa mésaventure avec la jeune femme qui lui a fait perdre foi en l'amour.
Dans la deuxième (Regret), un vieux garçon de 62 ans, secrètement amoureux depuis toujours de la femme de son meilleur ami, se précipite chez elle pour lui déclarer enfin son amour.
En impliquant ce personnage de juge à différents moments de son existence, personnage cynique et désabusé dans sa jeunesse, seul et désespéré à la fin de sa vie, mon objectif était de donner une profondeur et une gravité à l'ensemble.
Entre ces paysans et artisans qui s'affrontent et ce juge qui se confie, c'est toute l'humanité de Maupassant que j'ai voulu donner à entendre. Alain Payen
Note de mise en scène
Imaginez mesdames et messieurs ! C'est par ces mots que commence l'adaptation d' Alain Payen. A partir de là vont défiler devant nos yeux une multitude de personnages, hommes et femmes hauts en couleur, ciselés par la plume de Maupassant avec la drôlerie et la cruauté qu'on lui connaît. La tendresse et l'humanité aussi. Il s'agit de donner à voir ces personnages sans aucune caricature ni complaisance, en les incarnant dans leur folie et dans leur démesure. C'est par un travail d'acteur extrêmement précis et intérieur, sans aucun artifice, que nous emmènerons le spectateur dans le rire autant que dans l'émotion.
Le dispositif est extrêmement simple : une chaise fera office de barre des témoins et de siège pour le juge. Un costume. La lumière fera le reste. Il s'agit là d'une vraie performance d'acteur et le travail que j'ai fait avec Alain Payen a été de trouver à chaque fois l'endroit juste de l'incarnation. Catherine Benhamou
Extrait (début du spectacle)
Imaginez, mesdames et messieurs...
Imaginez une salle de justice de paix de la Seine-Inférieure, département Normand qui deviendra La Seine-Maritime en 1955. Imaginez que nous sommes en 1884. Imaginez que cette salle est pleine de paysans qui attendent l'ouverture de la séance.
Imaginez qu'il y en a des grands et des petits, des gros rouges et des maigres qui ont l'air taillés dans une souche de pommiers. Imaginez qu'ils ont apporté avec eux des odeurs d'étables et de sueur, de lait aigre et de fumier. Imaginez que des mouches bourdonnent sous le plafond blanc. Imaginez qu'on entend, par la porte ouverte, chanter les coqs.
Imaginez que sur une sorte d'estrade s'étend une longue table couverte d'un tapis vert.
Qu'un vieux greffier, monsieur Potel, écrit, assis à l'extrémité droite.
Qu'un gendarme, raide sur sa chaise, regarde en l'air à l'extrémité gauche.
Et sur la muraille nue, imaginez qu'un grand Christ de bois, tordu dans une pose douloureuse, semble offrir encore sa souffrance éternelle pour la cause de ces brutes aux senteurs de bêtes.
Et puis imaginez que monsieur le juge de paix entre enfin.
C'est 'Le juge Saval'. C'est encore un très jeune juge, au tout début de sa carrière.
Il secoue, dans son pas rapide de jeune homme pressé, sa grande robe noire de magistrat, s'assied, pose sa toque sur la table et regarde l'assistance avec un air de profond mépris.
C'est que c'est un lettré de province, un de ceux qui traduisent Horace, goûtent les petits vers de Voltaire et savent par cœur les poésies grivoises de Parny.
Sur les lèvres de mon amie
S'échappait mon dernier soupir ;
Un baiser me faisait mourir ;
Un autre me rendait la vie.
Allons, monsieur Potel, appelez la première affaire.
Madame Victoire Bascule contre Isidore Paturon. (...)
Imaginez, mesdames et messieurs...
Imaginez une salle de justice de paix de la Seine-Inférieure, département Normand qui deviendra La Seine-Maritime en 1955. Imaginez que nous sommes en 1884. Imaginez que cette salle est pleine de paysans qui attendent l'ouverture de la séance.
Imaginez qu'il y en a des grands et des petits, des gros rouges et des maigres qui ont l'air taillés dans une souche de pommiers. Imaginez qu'ils ont apporté avec eux des odeurs d'étables et de sueur, de lait aigre et de fumier. Imaginez que des mouches bourdonnent sous le plafond blanc. Imaginez qu'on entend, par la porte ouverte, chanter les coqs.
Imaginez que sur une sorte d'estrade s'étend une longue table couverte d'un tapis vert.
Qu'un vieux greffier, monsieur Potel, écrit, assis à l'extrémité droite.
Qu'un gendarme, raide sur sa chaise, regarde en l'air à l'extrémité gauche.
Et sur la muraille nue, imaginez qu'un grand Christ de bois, tordu dans une pose douloureuse, semble offrir encore sa souffrance éternelle pour la cause de ces brutes aux senteurs de bêtes.
Et puis imaginez que monsieur le juge de paix entre enfin.
C'est 'Le juge Saval'. C'est encore un très jeune juge, au tout début de sa carrière.
Il secoue, dans son pas rapide de jeune homme pressé, sa grande robe noire de magistrat, s'assied, pose sa toque sur la table et regarde l'assistance avec un air de profond mépris.
C'est que c'est un lettré de province, un de ceux qui traduisent Horace, goûtent les petits vers de Voltaire et savent par cœur les poésies grivoises de Parny.
Sur les lèvres de mon amie
S'échappait mon dernier soupir ;
Un baiser me faisait mourir ;
Un autre me rendait la vie.
Allons, monsieur Potel, appelez la première affaire.
Madame Victoire Bascule contre Isidore Paturon. (...)
Critiques (extraits)
Le comédien Alain Payen porte sur scène six nouvelles de Maupassant.
L'occasion de (re)découvrir les talents de dialoguiste de ce grand écrivain.
Par Baudouin Eschapasse – Le point – octobre 2020
Alain Payen campe le juge Saval, héros de la nouvelle « Regret », que Maupassant publia en 1883, dix ans avant sa mort. Il en fait le narrateur de cinq autres textes de l'écrivain.
Le théâtre aura été le grand regret de sa vie. Au cours de sa brève existence (il est mort à 42 ans, le 6 juillet 1893), Guy de Maupassant n'aura jamais rencontré de succès avec ses pièces. Sur les sept textes qu'il destinait à la scène, moins de la moitié furent « montés » de son vivant. Cruelle injustice ! Car l'écrivain, passé à la postérité pour ses nouvelles et une poignée de romans, ne manquait pas de talent en la matière.
« S'il avait vécu davantage, Maupassant aurait pris un jour possession du théâtre, car le dialogue chez lui est très scénique et sa langue, très ferme, très robuste, et qui passe par-dessus la rampe », écrivit à son sujet Francisque Sarcey, alors critique au Temps.
Pour ce spectacle, le comédien, Alain Payen a juxtaposé des nouvelles qui se passent (ou pourraient se dérouler) dans un tribunal. Chaque nouvelle est intégrée, le temps d'une audience, comme une affaire examinée par un petit tribunal de Normandie. Loin de la simple succession de faits divers, l'ensemble révèle, au fil du temps, une dimension métaphysique. Tous les protagonistes, qu'incarne tour à tour Alain Payen, semblent, en effet, empêchés de vivre. D'où le titre que le comédien a donné à son adaptation.
Le tribunal comme un théâtre
Seul en scène pendant une heure dix avec pour seuls accessoires une chaise et un portemanteau, Alain Payen nous révèle progressivement les failles de son personnage.
C'est par l'entremise de ce juge de paix, appelé à démêler des dossiers de plus en plus complexes, que le spectacle va cheminer, convoquant une galerie de personnages tout droit sortis d'une gravure de Daumier. Pour chacun d'entre eux, le comédien invente une voix. « Je m'amuse ici à reprendre l'accent picard dont j'avais eu tant de mal à me défaire à mon arrivée à Paris », confie-t-il.
Un magistrat démasqué
Entre l'examen de chaque dossier se glissent des apartés du magistrat. Alain Payen pousse loin le dévoilement de son personnage. Qu'il discute avec son greffier ou qu'il s'adresse directement au public, le juge Paul Saval paraît de plus en plus lucide à mesure qu'il avance en âge.
« Est-il possible que j'aie raté ma vie ? », semble-t-il s'interroger au moment où il prend conscience qu'il est passé à côté d'une grande histoire d'amour. Mais ne dévoilons pas la fin. L'examen de cette question donnera lieu à un final bouleversant.
Si les textes de Maupassant font mouche, c'est que l'auteur parvient à saisir, avec drôlerie mais aussi, parfois, un zeste de cruauté, la folie douce qui régit le monde : cette propension inouïe que nous avons tous à nous leurrer nous-mêmes en poursuivant des mirages.
L'occasion de (re)découvrir les talents de dialoguiste de ce grand écrivain.
Par Baudouin Eschapasse – Le point – octobre 2020
Alain Payen campe le juge Saval, héros de la nouvelle « Regret », que Maupassant publia en 1883, dix ans avant sa mort. Il en fait le narrateur de cinq autres textes de l'écrivain.
Le théâtre aura été le grand regret de sa vie. Au cours de sa brève existence (il est mort à 42 ans, le 6 juillet 1893), Guy de Maupassant n'aura jamais rencontré de succès avec ses pièces. Sur les sept textes qu'il destinait à la scène, moins de la moitié furent « montés » de son vivant. Cruelle injustice ! Car l'écrivain, passé à la postérité pour ses nouvelles et une poignée de romans, ne manquait pas de talent en la matière.
« S'il avait vécu davantage, Maupassant aurait pris un jour possession du théâtre, car le dialogue chez lui est très scénique et sa langue, très ferme, très robuste, et qui passe par-dessus la rampe », écrivit à son sujet Francisque Sarcey, alors critique au Temps.
Pour ce spectacle, le comédien, Alain Payen a juxtaposé des nouvelles qui se passent (ou pourraient se dérouler) dans un tribunal. Chaque nouvelle est intégrée, le temps d'une audience, comme une affaire examinée par un petit tribunal de Normandie. Loin de la simple succession de faits divers, l'ensemble révèle, au fil du temps, une dimension métaphysique. Tous les protagonistes, qu'incarne tour à tour Alain Payen, semblent, en effet, empêchés de vivre. D'où le titre que le comédien a donné à son adaptation.
Le tribunal comme un théâtre
Seul en scène pendant une heure dix avec pour seuls accessoires une chaise et un portemanteau, Alain Payen nous révèle progressivement les failles de son personnage.
C'est par l'entremise de ce juge de paix, appelé à démêler des dossiers de plus en plus complexes, que le spectacle va cheminer, convoquant une galerie de personnages tout droit sortis d'une gravure de Daumier. Pour chacun d'entre eux, le comédien invente une voix. « Je m'amuse ici à reprendre l'accent picard dont j'avais eu tant de mal à me défaire à mon arrivée à Paris », confie-t-il.
Un magistrat démasqué
Entre l'examen de chaque dossier se glissent des apartés du magistrat. Alain Payen pousse loin le dévoilement de son personnage. Qu'il discute avec son greffier ou qu'il s'adresse directement au public, le juge Paul Saval paraît de plus en plus lucide à mesure qu'il avance en âge.
« Est-il possible que j'aie raté ma vie ? », semble-t-il s'interroger au moment où il prend conscience qu'il est passé à côté d'une grande histoire d'amour. Mais ne dévoilons pas la fin. L'examen de cette question donnera lieu à un final bouleversant.
Si les textes de Maupassant font mouche, c'est que l'auteur parvient à saisir, avec drôlerie mais aussi, parfois, un zeste de cruauté, la folie douce qui régit le monde : cette propension inouïe que nous avons tous à nous leurrer nous-mêmes en poursuivant des mirages.
Portraits normands
Par Gilles Costaz – WebThéâtre – octobre 2020
C’est un montage, un collage, un faufilage mais c’est de la haute couture.
Passionné de Maupassant, Alain Payen a fait lui-même l’adaptation de diverses nouvelles qu’il joue en solitaire sur le titre de "Flagrant Déni". A partir d’un certain nombre d’histoires du quotidien, il a façonné le récit d’un juge qui évoquerait dans le feu de la confidences les cas qu’il a connus ou jugés. Et cela défile : paysans aux propos ambigus, sacristain qui rend des services sexuels, femmes sans romantisme... Tout ce monde est terrien et sans grandeur, jusqu’à ce que le tourniquet s’achève sur l’émotion d’un homme passé à côté de l’amour.
La mise en scène de Catherine Benhamou transforme la petitesse et la nudité du cadre en atouts.
Voilà de quoi donner à voir tout un tribunal, côté magistrat et côté suspects. La suggestion est, ici, plus forte que le réalisme. Dans l’interprétation d’Alain Payen il y a de l’ironie, de l’affection, du mépris, du cynisme, de la tendresse. Et une habileté, un sens de l’évocation, secrètement amplifiés par la mise en scène qui font de ce monologue un vrai moment de théâtre, où l’on fréquente dans leur profondeur nos semblables, nos frères, au cœur si rarement élégant !
Par Gilles Costaz – WebThéâtre – octobre 2020
C’est un montage, un collage, un faufilage mais c’est de la haute couture.
Passionné de Maupassant, Alain Payen a fait lui-même l’adaptation de diverses nouvelles qu’il joue en solitaire sur le titre de "Flagrant Déni". A partir d’un certain nombre d’histoires du quotidien, il a façonné le récit d’un juge qui évoquerait dans le feu de la confidences les cas qu’il a connus ou jugés. Et cela défile : paysans aux propos ambigus, sacristain qui rend des services sexuels, femmes sans romantisme... Tout ce monde est terrien et sans grandeur, jusqu’à ce que le tourniquet s’achève sur l’émotion d’un homme passé à côté de l’amour.
La mise en scène de Catherine Benhamou transforme la petitesse et la nudité du cadre en atouts.
Voilà de quoi donner à voir tout un tribunal, côté magistrat et côté suspects. La suggestion est, ici, plus forte que le réalisme. Dans l’interprétation d’Alain Payen il y a de l’ironie, de l’affection, du mépris, du cynisme, de la tendresse. Et une habileté, un sens de l’évocation, secrètement amplifiés par la mise en scène qui font de ce monologue un vrai moment de théâtre, où l’on fréquente dans leur profondeur nos semblables, nos frères, au cœur si rarement élégant !
Syndicat National des Enseignants du Second Degré 13/10/2020
« Flagrant déni » au Théâtre de la Huchette
Par Micheline Rousselet - SNES - 13 octobre 2020
Alain Payen a souhaité adapter quelques unes des nouvelles de Maupassant et la salle d'un tribunal avec sa théâtralité lui a semblé être le cadre idéal pour bâtir son spectacle.
L'acteur arrive et nous demande d'imaginer le lieu, les odeurs. Puis il est le juge toisant plein de morgue cette salle pleine de péquenots. En quelques mots le juge, le public, les plaignants sont cernés. Les descriptions précises des personnages laissent place aux dialogues. La langue du juge se frotte à celle des paysans. Le rire est souvent si moqueur qu'il en devient grinçant. L'émotion du juge vieillissant est brutalement cassée par un rire qui ne se veut pas méchant, juste un rire, mais il sonne la défaite et la mort qui va venir. Un très beau seul en scène.
« Flagrant déni » au Théâtre de la Huchette
Par Micheline Rousselet - SNES - 13 octobre 2020
Alain Payen a souhaité adapter quelques unes des nouvelles de Maupassant et la salle d'un tribunal avec sa théâtralité lui a semblé être le cadre idéal pour bâtir son spectacle.
L'acteur arrive et nous demande d'imaginer le lieu, les odeurs. Puis il est le juge toisant plein de morgue cette salle pleine de péquenots. En quelques mots le juge, le public, les plaignants sont cernés. Les descriptions précises des personnages laissent place aux dialogues. La langue du juge se frotte à celle des paysans. Le rire est souvent si moqueur qu'il en devient grinçant. L'émotion du juge vieillissant est brutalement cassée par un rire qui ne se veut pas méchant, juste un rire, mais il sonne la défaite et la mort qui va venir. Un très beau seul en scène.
Alain Payen appelle Guy de Maupassant à la barre
Par Marie Céline Rivierre - L'Oeil d'Olivier - 20 octobre 2022
Au théâtre de la Huchette Alain Payen concocte, d’après des nouvelles de Guy de Maupassant, un tribunal de Flagrant déni absolument délectable. C’est drôle, original et fort bien interprété.
Dans Flagrant déni, nous suivons le parcours du juge Saval, de sa première audience à sa retraite. Cet homme intègre choisit de nous raconter les cas les plus savoureux, ceux qui nous laissent souvent dans l’expectative. Il y a de quoi ! Il faut les entendre les griefs de cette Madame Victoire Bascule contre le jeune Isidore qui ne veut plus être son gigolo, comme ceux de Lacour, sacristain et quincaillier, contre la veuve Luneau pour une rupture d’un contrat assez spécial. Les deux tentatives de meurtres, celui d’une femme par son pochetron de mari et son acolyte tout autant aviné, et d’un pêcheur qui a eu le malheur de piquer à un autre son meilleur emplacement, ne sont pas en reste. L’être humain n’a pas de limite dans son imbécillité. Les cas n’ont pas pris une ride et portent en eux des résonances à notre époque. C’est irrésistiblement drôle. Mis en scène par Christine Benhamou, s’appuyant sur une scénographie des plus dépouillées, juste une chaise, un jeu de lumière subtil habillant les espaces, vêtu de sa redingote, Alain Payen interprète avec talent tous les personnages. C’est délicatement fait, aucun grossissement des traits, rien de caricatural dans son traitement. On suit tous les événements, les intentions, les émotions des uns et des autres avec aisance et un plaisir gourmand.
Marie-Céline Nivière
Par Marie Céline Rivierre - L'Oeil d'Olivier - 20 octobre 2022
Au théâtre de la Huchette Alain Payen concocte, d’après des nouvelles de Guy de Maupassant, un tribunal de Flagrant déni absolument délectable. C’est drôle, original et fort bien interprété.
Dans Flagrant déni, nous suivons le parcours du juge Saval, de sa première audience à sa retraite. Cet homme intègre choisit de nous raconter les cas les plus savoureux, ceux qui nous laissent souvent dans l’expectative. Il y a de quoi ! Il faut les entendre les griefs de cette Madame Victoire Bascule contre le jeune Isidore qui ne veut plus être son gigolo, comme ceux de Lacour, sacristain et quincaillier, contre la veuve Luneau pour une rupture d’un contrat assez spécial. Les deux tentatives de meurtres, celui d’une femme par son pochetron de mari et son acolyte tout autant aviné, et d’un pêcheur qui a eu le malheur de piquer à un autre son meilleur emplacement, ne sont pas en reste. L’être humain n’a pas de limite dans son imbécillité. Les cas n’ont pas pris une ride et portent en eux des résonances à notre époque. C’est irrésistiblement drôle. Mis en scène par Christine Benhamou, s’appuyant sur une scénographie des plus dépouillées, juste une chaise, un jeu de lumière subtil habillant les espaces, vêtu de sa redingote, Alain Payen interprète avec talent tous les personnages. C’est délicatement fait, aucun grossissement des traits, rien de caricatural dans son traitement. On suit tous les événements, les intentions, les émotions des uns et des autres avec aisance et un plaisir gourmand.
Marie-Céline Nivière
Flagrant Déni. Lumineux au Théâtre de la Huchette
Par Frédéric Bonfils - FOUD'ART -
Imaginez Mesdames et Messieurs ! C'est par ces mots que commence flagrant déni. À partir de là vont défiler devant nos yeux à la barre du tribunal, une multitude de personnages, hommes et femmes, hauts en couleur, ciselés par la plume de Maupassant. Pourquoi Maupassant plait-il toujours autant au théâtre ? Peut-être parce que Maupassant est drôle, caustique et qu’à nul autre pareil, il a su dépeindre le genre humain avec une description si juste, presque extravagante. Nous y allons en riant, avant de nous apercevoir que c’est nous que l’on juge. Alain Payen réussit, magnifiquement avec une immense intelligence, à lier différentes nouvelles et croquer tout un panel de personnages avec truculence et un réalisme évident. Alain Payen et Catherine Benhamou sont allés au coeur de l'interprétation afin de trouver l'endroit juste de l'incarnation. Avec Flagrant Déni, très juste et généreux, nous partons à la découverte d'un univers riche et lumineux en passant du rire à l'émotion. Folie et démesure.
Par Frédéric Bonfils - FOUD'ART -
Imaginez Mesdames et Messieurs ! C'est par ces mots que commence flagrant déni. À partir de là vont défiler devant nos yeux à la barre du tribunal, une multitude de personnages, hommes et femmes, hauts en couleur, ciselés par la plume de Maupassant. Pourquoi Maupassant plait-il toujours autant au théâtre ? Peut-être parce que Maupassant est drôle, caustique et qu’à nul autre pareil, il a su dépeindre le genre humain avec une description si juste, presque extravagante. Nous y allons en riant, avant de nous apercevoir que c’est nous que l’on juge. Alain Payen réussit, magnifiquement avec une immense intelligence, à lier différentes nouvelles et croquer tout un panel de personnages avec truculence et un réalisme évident. Alain Payen et Catherine Benhamou sont allés au coeur de l'interprétation afin de trouver l'endroit juste de l'incarnation. Avec Flagrant Déni, très juste et généreux, nous partons à la découverte d'un univers riche et lumineux en passant du rire à l'émotion. Folie et démesure.
Avec "Flagrant déni" Alain Payen nous convie malicieusement et avec grand talent à flâner dans le monde paysan normand et l'univers judiciaire du XIXe siècle à travers quelques cocasses nouvelles de Guy de Maupassant.
Par Phaco - Blog de Phaco - 2 octobre 2022
Flagrant déni a pour cadre théâtral une salle de tribunal. Un homme le juge Saval nous raconte ses extravagants procès. L'on retrouve Saval à travers divers âges de sa carrière, d'abord juge de paix, puis juge d'assises,
et enfin à la retraite. Engoncé dans une redingote d'un autre temps Alain Payen interprète un juge crédible, à la fois usé et lucide ayant fait le tour judiciaire de toutes les turpitudes humaines à travers une série de procès, tous aussi farfelus que tragiques.
Simple, espiègle et amical le style théâtral adopté sur scène par Alain Payen nous invite subtilement à nous familiariser avec un univers littéraire dont l'on ne sait jamais à l'avance s'il débouchera sur des rires et ou des pleurs. Un imbroglio comique qui chez Maupassant est le plus souvent inséparable de grands thèmes obsessionnels comme l'amour, l'argent, la solitude, le désir mais aussi la maternité et la nature. Inspiré narrateur sur scène de ces six nouvelles courtes Alain Payen nous donne assurément envie de relire l'univers maupassien, riche en multiples facettes.
Par Phaco - Blog de Phaco - 2 octobre 2022
Flagrant déni a pour cadre théâtral une salle de tribunal. Un homme le juge Saval nous raconte ses extravagants procès. L'on retrouve Saval à travers divers âges de sa carrière, d'abord juge de paix, puis juge d'assises,
et enfin à la retraite. Engoncé dans une redingote d'un autre temps Alain Payen interprète un juge crédible, à la fois usé et lucide ayant fait le tour judiciaire de toutes les turpitudes humaines à travers une série de procès, tous aussi farfelus que tragiques.
Simple, espiègle et amical le style théâtral adopté sur scène par Alain Payen nous invite subtilement à nous familiariser avec un univers littéraire dont l'on ne sait jamais à l'avance s'il débouchera sur des rires et ou des pleurs. Un imbroglio comique qui chez Maupassant est le plus souvent inséparable de grands thèmes obsessionnels comme l'amour, l'argent, la solitude, le désir mais aussi la maternité et la nature. Inspiré narrateur sur scène de ces six nouvelles courtes Alain Payen nous donne assurément envie de relire l'univers maupassien, riche en multiples facettes.